Renouvelable, oui merci ! CLIN, GFA de Ploumoguer, du nucléaire au photovoltaïque

Nicole, une des membres du CLIN de Ploumoguer
25 septembre 1978, à l’appel des CLIN de Ploumoguer, Brest et Landerneau, 25 000 manifestants place de la Liberté à Brest
Dernière AG du GFA le 18 novembre 2023
Mai 1975 – Des habitants de la commune de Ploumoguer (et des communes avoisinantes) créent le CLIN, Comité local d’information nucléaire : des agriculteurs, des employés, des étudiants, des personnes s’intéressant à l’écologie viennent d’apprendre la décision du gouvernement de construire une centrale nucléaire en Bretagne.

L’information n’est pas encore officielle, mais connue de certains habitants, par l’intermédiaire du CDJA (Syndicat des jeunes agriculteurs), de certains élus, de scientifiques du CNEXO (l’ancêtre d’IFREMER…).
A la suite du choc pétrolier de 1973, la décision est prise par le président Giscard d’Estaing de construire un parc de centrales nucléaires, dont une en Bretagne. Cette décision est validée par le conseil régional de l’époque, organisme ayant à l’époque peu de pouvoir, placé sous la tutelle du préfet.
Cinq sites vont « concourir » : Beg-an-Fry, près de Lannion, Ploumoguer, près du Conquet, Plogoff à la pointe du raz, Tréguennec en baie d’Audierne et Erdeven dans le Morbihan.

"Mazouté aujourd'hui, radioactif demain !"

La Bretagne de l’époque (il y a 50 ans), vivait « l’après 68 », une période de bouillonnement marquée par de nombreuses luttes sociales : la « grève du lait » en 1972, particulièrement en Bretagne et dans le Finistère ; la grève du Joint Français à Saint-Brieuc, de nombreux mouvements y compris dans les facs et les lycées…Tout cela dans un contexte de solidarité d’une partie importante de la population.
L’arrivée en mars 1978 de l’Amoco-Cadiz, qui déverse 60 000 tonnes de mazout devant Portsall n’a pas franchement amélioré l’atmosphère en Bretagne. 
A partir de sa création, le CLIN de Ploumoguer, rejoint  par le CLIN Brestois et celui de Landerneau, entreprend un travail d’information et de mobilisation très soutenu.
Les CLIN vont se renforcer et acquérir de nombreux soutiens : jeunes, agriculteurs, scientifiques (CNEXO, facs…), écologistes, syndicalistes…
Cela peut paraître étonnant, explique Nicole, agricultrice et membre de ce collectif, « tout cela sans structuration : il n’y a pas de responsable, de président, de statuts, personne n’en a senti le besoin, c’était une association de fait, et personne n’a tenté d’y prendre le pouvoir… »
En 76, une manif à Brest réunit 3 à 4000 personnes, la fête antinucléaire de Ploumoguer rassemblera des milliers de personnes autour de chanteurs, de films, stands, forums…

Deux ans de bataille : convaincre et mobiliser

En 1977, a lieu les élections municipales, le CLIN organise une réunion publique à Saint Renan, invitant par courrier les candidats, (qui viennent pour la plupart).
C’était un peu casse-pipe, mais un gros succès, la salle est pleine à craquer. Nous remettons des dossiers aux élus pour les convaincre… Pendant toute cette période, nous avons multiplié les contacts avec d’autres CLIN, les autres sites menacés, le monde associatif,  dont les paysans du Larzac.
Les agriculteurs du plateau du Larzac refusaient de céder leurs terres à l’armée qui voulait étendre leur camp militaire. Ces terres agricoles (élevage de moutons et production de Roquefort), sont restées agricoles, grâce à des mobilisations importantes. L’élection de François Mitterand en 81 a cloturé le projet militaire.
Les copains du Larzac avaient acquis pas mal d’expérience, ils nous en ont fait profiter ! Notre philosophie, n’était pas seulement de dire non au nucléaire. Nous nous sommes aussi intéressés aux alternatives (au Plan Alter Breton particulièrement).

Nicole et Guy présentent une affiche du CLIN

Ce plan, élaboré par une équipe de scientifiques et de militants du Parti Socialiste Unifié, proposait une couverture des besoins énergétique de la Bretagne sans pétrole ni nucléaire.
L’élection législative en 1978 nous permet d’interroger lors d’une réunion à Saint Renan les candidats de la circonscription Brest rural ; personne ne se prononce pour le nucléaire, mais quelques positions peu claires, du genre « ni oui, ni non, bien au contraire ! ».
En septembre 77, le GFA de Porsmoguer, Groupement Foncier Agricole est constitué. L’objectif est de compliquer la tâche d’EDF. Le CLIN acquiert un terrain de 2,5 hectares, situé à l’emplacement prévu pour la centrale, et le revend en petits morceaux : 839 parts à 100 Francs l’unité trouvent preneurs.
Les animations et mobilisations vont se poursuivre durant l’année 1978, de plus en plus d’élus se positionnant contre la centrale. Le 12 septembre, le site de Plogoff est finalement choisit. Le 25 septembre, une manifestation massive se déroule à Brest : 15 000 participants.

Il est maintenant nécessaire de soutenir Plogoff. C’est une autre histoire…

Réunion du CLIN de Landerneau, beaucoup de jeunes

Du nucléaire au photovoltaïque, le passage de témoin

Certains affirment que, dans le choix du site de construction de l’ex future centrale, les critères techniques ont prévalu ; pour d’autres, Ploumoguer posaient trop de problèmes d’ordre public. Mieux vaut, en effet, choisir un site possédant une population peu importante, constituée pour une large part d’anciens personnels de la marine, réputés savoir obéir. La suite de l’histoire, comme chacun sait, confirmera cette analyse très subtile.

Reste le GFA, et les 839 parts de 100 Francs. Le reste des terres, 2,5 ha moins celles vendues aux acquéreurs de parts du GFA.
Le GFA de Ploumoguer s’est dissous le 18 novembre 2023. Les ressources disponibles, par décision de l’Assemblée Générale seront remis « en donation… à toute association ou entreprise à vocation de création d’énergie renouvelable ou de protection de l’environnement, à l’échelle du Pays d’Iroise.
Dans cet esprit, d’anciens membres du GFA et du CLIN de Ploumoguer avec l’aide de nouveaux, jeunes très intéressés à reprendre le flambeau, créent l’association Iroise Energie Citoyenne. Le travail de création d’installations Photovoltaïques est entrepris, en collaboration technique avec ECOOP, Société Coopérative d’Intérêt Collectif.

La lutte continue !

Je souhaite contribuer aux projets d’Iroise Énergie Citoyenne et à la transition énergétique.
Je souscris une part sociale à ECOOP.
Je donne un sens à mon épargne, j’agis concrètement pour la transition.

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